18e expédition de kayak de mer

Réservoir Manicouagan…  Quelle expédition!  Uniquement se rendre à la station Innu Uapishka (à partir de Montréal) est une expédition en soi.  1050km et plus de 15 heures de route.

Cette expédition était bien particulière, puisqu’elle célébrait le 50e anniversaire de Patrick Léger. Malheureusement, il s’est fracturé une cheville deux semaines avant notre départ.  Malgré ses bonnes intentions de vouloir se joindre à nous, il a dû accepter son destin et rester docilement chez lui ☹.

Voici un beau vidéo en son honneur!
Cliquez à gauche pour voir notre parcours.

Jour 1 : 10.6km
Mise à l’eau vers 15h après presque trois heures de préparatifs.  Il faut dire que nous avons 14 jours de nourriture à partager entre deux kayaks + tout l’équipement de base nécessaire habituel à nos expédition (mais avons un kayak en moins, car Pat n’est pas là).
Traversée de 10.6km pour se rendre sur la rive intérieure de l’île René Levasseur.  Il vente un peu, mais les vagues d’un demi-mètre nous amuse plus que tout.  Quel bonheur, quels paysages, quelle tranquillité.

Jour 2 : 21.8km
Pleine lune hier soir et le réservoir était d’un calme absolu.  Difficile de s’imaginer que ce réservoir a été rempli par l’humain à l’aide d’un barrage (Manic 5).  Avant, une forêt complète remplissait ce paysage.  Maintenant, nous pagayons dans des milliards de mètres cubes d’eau pure et limpide que nous buvons directement sans hésitation (et sans filtration!).
Toute la journée, apercevons une montagne que nous nommons ‘’le volcan’’.  Il s’agit du Mont Harfang dans les Monts Groulx.

Jour 3 : 28.9km
Il fait presque 30 degrés et le ciel est d’un bleu parfait.  C’est absolument exceptionnel!  Il n’y a aucune bébitte et aucun vent.  Nous pagayons dans une marre d’huile.  C’est le bonheur absolu et loin de la petite misère que je m’imaginais.  Aucune civilisation à l’horizon : aucun bateau, aucun chalet, aucun humain.  En regardant vers le nord, nous savons qu’il y a plus de 800km de solitude avant d’atteindre Kuujjuaq.  Aucune route aucun village à partir de cette latitude.

Jour 4 : 13.8km
On se lève sous un vent agressif.  Le ciel est gris et le vent (DE FACE!) souffle à au moins 30 km/h.  Nous pagayons à 3km/h en fournissant un effort considérable.  Pas question de s’éloigner de la rive comme hier.  Nous longeons l’île, mais les vagues deviennent rapidement au-dessus de 1.2m de hauteur.  Je perds Ben de vue entre deux vagues.  Les rafales parfois atteignant 60km/h ou plus prennent ma pagaie et me déstabilisent.  Après 4 heures sur l’eau, nous décidons que cet acharnement n’en vaut pas la peine.  Dans les derniers 100 mètres, après une pointe, nous sommes complètement exposés au vent et je demeure sur place en pagayant le plus fort possible. 0 km/h en ayant les épaules qui me brûlent!!!

Jour 5 : 24.9km
Le vent est tombé significativement (mais il vente encore).  Il y a clairement eu un changement de masse d’air.  Il ne fait plus 30 degrés, mais plutôt 12 degrés avec de bons vents frais sur l’eau.  Le ciel est nuageux et la température incertaine.  À partir d’aujourd’hui et pour le restant de notre expédition (incluant les Monts Groulx et notre retour à Montréal), le proverbe sera : le temps est incertain.  Il fait beau soleil, mais voyons toujours des gros nuages gris avec pluie à l’horizon.  Il pleut pendant une quinzaine de minutes (on gèle quand nous ne pagayons pas), mais le soleil sort rapidement et réconforte et réchauffe nos corps.  En fin de journée, à notre arrivée, le soleil est radieux, nous sommes en T-shirt, la nourriture est bien ouverte et étendue partout sur la plage, nos sacs au sec bien ouverts.  Nos tentes sèchent confortablement étendues au loin quand soudainement, une grosse, méchante et vilaine pluie torrentielle s’abat sur nous pendant presque 1 heure.  Mal préparés, nous courrons comme des poules sans tête pour sauver ce que nous pouvons.  Le constat est lamentable : sac entier de bouchées inondées, linge mouillé, tente détrempée, abris non monté, bois mouillé, etc.

Jour 6 : 27.0km
Le ciel est gris, la température incertaine, mais le vent est complètement tombé.  Nous profitons de cette journée pour couvrir plusieurs kilomètres.  Pagayons de pointe en pointe, ce qui donne (en moyenne) 5 km ou 45 minutes entre chaque traversée.  Pagayons à 7 km/h de moyenne: du jamais vu! Au milieu des baies, nous sommes des poussières dans une mer intérieure.  Je regarde parfois Ben à 1km de moi qui se fond dans le paysage.  C’est grandiose.  Avons froid dès que nous arrêtons de pagayer: pas de dîner et quelques petites pause de 5 minutes max. avant de repartir.

Jour 7 : 17.1km
Pour la première fois du voyage, avons le vent dans le dos!  Ben est très heureux de pouvoir essayer nos nouvelles voiles!  Malheureusement, le vent souffle rapidement trop fort (de dos) et nous sommes confrontés à des vagues de 1m+ avec surfs.  Lors de la traversée des baies, les vagues sont de côtés.  Journée épuisante.

Jour 8 : 26.8km
Belle journée où la cadence est bonne.  La météo varie toujours beaucoup, mais avons droit à de superbes arcs-en-ciel!  Presque toutes les plages que nous arrêtons depuis le début de notre voyage ont des traces de caribous, d’ours, de lynx, etc.  Avons vue loutres, carcasse de caribou, mais rien d’autre!  La pêche est également nulle.  Dormons à l’entrée du ‘’bras’’ du réservoir.  Traversée demain matin.

Jour 9 : 22km
Le plan d’eau est tellement immense, que même avec nos cartes, il est difficile de reconnaitre où nous sommes.  Heureusement que nous avons nos positions GPS.  La matinée se passe plutôt bien.  Benoît propose de faire la traversée et revenir vers la rive externe ce matin.  Débutons notre traversée vers une île située vers le milieu du réservoir, mais le vent souffle et l’étendue du plan d’eau donne de gros moutons blancs avec des vagues d’un mètre de hauteur. Impossible de traverser les six derniers kilomètres.  Attendons sur une île (où il est possible de dormir) quelques heures et le vent tombe complètement.  Le temps demeure incertain et voyons orage aux sommets des Monts Groulx.  Finalement, nous risquons le tout : traversée d’une heure (6km) pour se rendre à quelques kilomètres de notre arrivée.

Jour 10 : 5.7km
Il vente beaucoup : heureusement que nous avons fait la traversée hier.  Arrivée glorieuse entre quelques averses et belles percées de soleil.  Tour du réservoir complété beaucoup plus rapidement que prévu!